Cette histoire est celle de trois personnes d’âges, de pays, de parcours différents : Ana, Annick, Delphine. Cette histoire, la nôtre, a commencé autour d’un partenariat issu de relations interpersonnelles, relations imbriquées dans un vaste ensemble de relations sociétales et politiques. Et ce sont justement nos lectures sur ces relations sociétales et politiques, nos engagements, valeurs militantes et féministes, qui nous ont rapprochées et qui maintiennent le lien construit. Ce n’est pas un hasard.
Annick Honorez, Ana Pérez Declercq et Delphine Saugues
Des engagements et des rencontres
Je m’appelle Annick Honorez, j’ai 60 ans. Je suis coordinatrice du bachelier en Coopération Internationale à la HEPN[1]. Il y a 7 ans, je décide de vivre une expérience que je désire profondément : partir seule en Argentine et au Chili durant deux mois. Proche de l’ONG “le monde selon les femmes” depuis sa création, j’obtiens d’une amie qui y travaille les coordonnées d’Ana à Salta (dans la province du même nom), en Argentine. Je la rencontre et ça marche super bien entre nous. Suite notamment à ce voyage, je mesure que j’ai beaucoup à approfondir et je décide de reprendre un master de spécialisation en études de genre qui constituent un savoir complexe, élaboré, transdisciplinaire, fondamental.
Lorsque je rencontre Ana, elle est en passe de devenir directrice de l’Observatorio de Violencia contra las Mujeres[2] (OVcM). Elle me parle de sa thèse de doctorat, du rapport aux hommes, du machisme, des féminicides si présents en Argentine.
Puis, Delphine (une de mes étudiante en coopération internationale) va en Argentine et réussit très bien son travail de fin d’études. Des liens d’amitié, de sororité, des liens forts sont créés car nous sommes de la “même famille”. Nous sommes des féministes, nous sommes politisées, nos lunettes pour regarder le monde sont similaires et ce quel que soit l’endroit où nous vivons.
“Merci pour ce bel échange”, je me souviens de cette phrase clôturant notre première rencontre avec Annick. Je m’appelle Delphine, j’ai presque 30 ans. A l’époque, je débutais dans le bachelier en coopération internationale. Lors de ce premier cours avec Annick, j’ai ressenti que nous étions animées par des militances communes, alors je reste volontiers pour discuter. On se raconte nos expériences et nos parcours. Très sensible depuis toute petite aux injustices, peu importe la sphère dans laquelle elles s’opèrent, je souhaite apporter mon cœur, mon énergie et ma tête dans les luttes pour un monde plus juste (j’apprendrai au fur et à mesure des rencontres et des expériences, comment). Je raconte à Annick un peu de moi, et lui explique que j’ai réalisé mes premières années d’études en pharmacie. Pourquoi tout arrêter ? Le besoin de retrouver du sens, sans doute. Impliquée au sein du Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement (FUCID, ONG de l’UNamur), j’avais participé à un programme de rencontre d’associations locales en Inde. La première fois que je quittais l’Europe. Loin de tout ce(ux) que je connaissais, j’ai paradoxalement retrouvé le sens dont j’avais besoin, et eu, dès mon retour, le courage de changer radicalement de voie pour œuvrer dans une filière sociale. Je raconte donc cela à Annick, presque gênée que mon histoire puisse comporter un semblant de clichés. “Pas du tout” m’a-t-elle répondu, “et puis tant mieux si vous êtes plusieurs dans le monde à partager des bouts de vécus, c’est encourageant”. Cet échange est le début d’une collaboration, mais également le début d’une amitié.
Le bachelier en coopération internationale de la HEPN comporte un stage de fin de cursus d’environ 3 mois, à réaliser dans un pays dit “du Sud”. Au-delà de savoirs professionnels, ce stage est également une opportunité de découvrir un autre pays, d’autres cultures, mais surtout, de s’enrichir mutuellement sur un socle de valeurs communes. Je partage à Annick mon souhait de m’impliquer dans une organisation féministe afin de comprendre les problématiques spécifiques liées au terrain étudié ainsi que les propositions et recommandations qui sont opérées ailleurs. Au vu du choix de la thématique, et également suite à 3 années de partage de livres, d’échanges sur les conférences, en résumé, de renforcement mutuel, il est limpide qu’Annick soit ma promotrice lors de ce TFE. Lors d’une conversation sur ma recherche de stage, Annick évoque l’OVcM et son amie Ana. Le soir même, je parcours leur site internet et lis une bonne partie de leurs publications. Ça correspond exactement à ce que je cherche, et en Argentine en plus ! A cette époque, je suivais déjà beaucoup l’actualité sur place, notamment suite au mouvement “Ni una menos” en réponse aux féminicides. Le soir-même, nous correspondons par mail avec Ana. En route pour un partenariat Belgique-Argentine !
Début février 2018, Ana m’accueille à l’aéroport de Salta avec ses deux enfants. Et vraiment, elle m’accueille. Je fais très vite partie intégrante de la famille. Seule à l’autre bout du monde, je me sens pourtant entourée, et rassurée d’être avec une personne de confiance grâce au réseau d’Annick. Nous discutons de nos vies et de nos luttes dans nos pays respectifs. Sans prétention de tout savoir, je lui partage la situation en Belgique sur les droits des femmes, les luttes pour l’égalité, et le travail – plutôt important il me semble – qu’il reste à faire également. Au fil des conversations avec Ana, nous tissons des liens professionnels bien sûr, mais aussi humains. Plus les semaines passent, et plus je prends du recul sur moi-même. J’approfondis mon féminisme, et je me questionne sur mes choix de vie, mes envies, et sur mon propre alignement. Ana s’avérera être une compagnonne de route précieuse et bienveillante.
Je m’appelle Ana Pérez Declercq, j’ai 46 ans et je suis une personne non binaire. Convaincue de la puissance des réseaux qui se produisent parce que nous les faisons se produire, il y a presque 20 ans, suite à la lecture de son article sur le droit à l’avortement, je contacte Pascale Maquestiau du “Monde selon femmes”. Je lui demande un stage et, en 2005, lors de ce stage, Pascale me parle de son amie Annick. Puis, avec Annick, j’ai eu le plaisir de rencontrer les élèves de bachelier en coopération internationale de la HEPN qui souhaitaient faire leur stage à l’OVcM.
Observatorio de Violencia contra las Mujeres (OVcM)
En 2014, suite à un féminicide et dans un contexte d’urgence et de violence extrême et persistante à l’égard des femmes, des associations féministes de Salta demandent justice. Naît alors l’Observatoire des Violences contre les Femmes à Salta, une province du nord de l’Argentine. A ce moment, la violence de genre était, et reste, extrêmement élevée dans la province de Salta et les institutions étatiques ne bougeaient pas.
En vue d’améliorer les réponses de l’Etat face à ces violences, l’OVcM est créé en tant qu’espace institutionnel par la Loi N°7863. Six institutions sont à l’origine de cette Loi et gardent encore aujourd’hui la tutelle de l’Observatoire : les organisations de femmes, l’Université Nationale de Salta, la Chambre provinciale des députés, le Sénat provincial, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif du gouvernement salteño (Maaskant, 2023).
Les fonctions de l’OVcM sont la production de données (quantitatives et qualitatives) à travers des recherches statistiques, des rapports et des travaux de recherche, le monitoring des politiques publiques et des institutions locales, régionales et nationales ou encore la mise en place d’actions de sensibilisation. Tout ceci dans le but de fournir des données nécessaires à l’élaboration “et à la gestion des politiques publiques visant à prévenir et à éradiquer la violence à l’égard des femmes[3].
Ce que nous apporte le partenariat
De chaque côté, nous trouvons très positif l’échange de l’OVcM avec la HEPN. Principalement parce qu’il permet aux étudiant·e·s de découvrir les manières de penser et de faire en Amérique latine à partir de leurs propres expériences sur le terrain. Avoir une expérience à l’étranger, sur un terrain autre et auprès de personnes aux vécus différents permet de découvrir et de vivre des manières de penser et de réfléchir différentes, de sortir de l’entre-soi et de confronter ses idées aux autres. Il peut alors en ressortir une meilleure connaissance, compréhension et appréhension de la thématique et des enjeux liés au contexte exploré.
Dans notre cas par exemple, nous continuons d’échanger sur le féminisme et nos luttes. Nous partageons entre personnes d’âges, de parcours, et de configurations familiales et sociales différentes et mettons ainsi les relations sociales au cœur de nos réflexions. La compréhension d’éléments culturels provenant de contextes singuliers nous permet une meilleure compréhension du féminisme et intensifie nos réflexions. Nous faisons partie d’une même famille, celle des féministes politisées et cette famille, ainsi que la lutte qu’elle porte, est internationale. Nous l’expérimentons à travers notre partenariat et il nous le rend bien. On se sent plus fortes, on appartient à un réseau d’enjeux communs, on partage nos sidérations, on s’inspire des manières de faire d’ailleurs et on les transpose à nos quotidiens.
D’un point de vue pédagogique, des travaux de recherche empirique sont aussi produits. Ainsi, lors du stage de Delphine en Argentine, son sujet de TFE s’est intitulé “Liens entre le modèle de la virilité et la légitimation des violences de genre : Analyse de pratiques culturelles dans la Province de Salta”. L’OVcM a soutenu Delphine dans ses recherches en l’associant au maximum à ses activités telles que la mise en place et l’animation d’ateliers sur la question des violences de genre ou la préparation de la Marche Mondiale des Femmes du 8 mars. A cette période, l’interruption volontaire de grossesse était pénalisée. Vivre l’actualité en Argentine, vivre les luttes “parmi” les Argentin·e·s, donne une toute autre dimension à la compréhension des enjeux au sein du pays. Suite aux fortes mobilisations féministes à travers le pays, arborant le symbole du pañuelo verde, le Parlement a finalement approuvé la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse en décembre 2020.
Des partenariats non formalisés
La relation entre les lieux de stage et la HEPN n’est pas formalisée dans un temps moyen ou long. Un contrat est établi entre les trois parties pour la durée de stage et n’induit pas une continuité. Dans les faits, trois étudiantes ont fait leur stage à l’OVcM dont une qui a dû partir à cause de la pandémie de Covid-19 et Claire Maaskant qui y a effectué d’excellents stage et TFE dont le titre est: “Dans une perspective féministe et décoloniale : comment la vision des communautés indigènes de la province de Salta en Argentine est-elle prise en compte au sein de la Loi fédérale n°26.150 sur l’Education Sexuelle Intégrale ?”. La relation de confiance entre Annick et Ana n’a pas desservi les stagiaires, au contraire. Cela a favorisé les échanges – y compris informels – entre les 3 parties.
Le fait qu’il n’y ait pas de partenariat officiel entre des organisations et la HEPN est en débat. D’une part, il est intéressant que les étudiant·e·s trouvent euxelles-mêmes leurs lieux de stage, c’est un apprentissage en soi de chercher, négocier, contractualiser etc. D’autre part, il y a beaucoup de lieux ou types de stage qui ne correspondent pas aux critères pédagogiques du bachelier et trop d’étudiant·e·s se retrouvent à faire du volontariat plutôt qu’une formation certificative. Mais la non-formalisation n’empêche évidemment pas les étudiant·e·s qui le souhaitent de postuler dans les lieux de stage tels que l’OVcM, sur base volontaire. Ainsi, se tisse une forme de partenariat entre certaines organisations et la HEPN. Afin d’améliorer la fluidité dans ces partenariats, il serait cependant utile de réaliser des échanges pédagogiques avec des maîtres de stage et leurs équipes pour améliorer la formation des étudiant·e·s. Cela demande des cadres et des moyens dont la HEPN ne dispose pas nécessairement. On peut par ailleurs légitimement se questionner sur le sens que les étudiant·e·s donnent à ces expériences professionnelles à l’étranger : sont-elles appréciées en tant qu’expériences de voyage, comme un moment de dépassement de soi, un challenge personnel ou en tant qu’expériences de coopération à proprement parler ? Ont-iels conscience des enjeux des partenariats Nord-Sud ? De l’histoire qui continue de s’écrire à travers euxelles ? A nouveau, il faut chercher pour trouver l’équilibre.
Ce qui est important dans ce partenariat, ce n’est pas l’axe géographique, mais bien là où on se situe idéologiquement, dans l’analyse du fonctionnement du monde et de ces imbrications de domination et dans notre cas, dans une relation interpersonnelle qui se cristallise de manière institutionnelle pour un temps.
La HEPN n’a pas non plus créé de “communauté” d’apprentissage ou de capitalisation des expériences passées. Ce serait pourtant l’occasion, d’une part, de renforcer les liens entre la HEPN et ses partenaires mais également entre les partenaires elleux-mêmes, ce qui ouvrirait la porte à de nouvelles collaborations. Et d’autre part, d’envisager les multiples expériences individuelles rapportées comme des apprentissages communs structurés sur diverses thématiques : le partenariat, l’économie circulaire, l’engagement politique, le genre, l’écologie, l’interculturalité…
Il est aussi intéressant de réfléchir aux travaux et connaissances produites par ces rencontres/stages/partenariats : les TFE. Dans notre cas, le TFE de Delphine autour du modèle patriarcal et des violences de genre a été partagé à d’autres étudiant·e·s, professeur·e·s voire responsables d’associations féministes. Il a enrichi le débat sur la culture des violences faites aux femmes, qu’elles soient Argentines ou pas. Relever les similitudes, croiser les analyses et apprentissages, ici en imbriquant les violences dans le patriarcat, permet de créer et se situer dans un même réseau, de “faire réseau”. La communication et le partage de pratiques inter-pays et inter-organisations, peuvent, d’une part, renforcer les mouvements en place et d’autre part, apporter des perspectives différentes et, éventuellement, de nouvelles pistes d’actions sur les thématiques abordées. Est-ce là la raison d’être des partenariats ? Enrichir ses connaissances et être en mesure, par la suite, de les transmettre au sein d’un réseau selon la logique du “don & contre-don” ?
La question de la formalisation des partenariats est complexe. Le secteur de la coopération au développement subit depuis longtemps une bureaucratisation intense et, par conséquent, beaucoup de rigidité. Échapper à celle-ci en laissant de la fluidité dans les rapports paraît dès lors une bonne chose. On collabore si on en a besoin, envie, si ça fait sens. Mais nous ne sommes pas ici dans un rapport classique de coopération puisqu’il n’y a pas d’enjeu financier entre nous. Il ne s’agit pas précisément d’une relation de coopération entre l’HEPN et l’OvCM. Il est possible de retrouver d’autres liens comme l’amitié, la réflexion et le regard critique d’étudiant·e·s qui se forment à la coopération et se retrouvent dans une société pleine de contradictions avec un féminisme fort et une culture très traditionnelle.
Recul sur les rapports de force dans le partenariat
Ce qui est important dans ce partenariat, ce n’est pas l’axe géographique, mais bien là où on se situe idéologiquement, dans l’analyse du fonctionnement du monde et de ces imbrications de domination et dans notre cas, dans une relation interpersonnelle qui se cristallise de manière institutionnelle pour un temps.
On remarque en effet à travers ce récit, que les trois protagonistes ont des similarités : blanches, capital culturel et social élevé, classe moyenne, féministes… et, dans notre cas, sans enjeu financier pour l’OVcM. Ce sont des conditions favorables pour un vrai partenariat car certains enjeux de pouvoir considérables, dont ceux de l’argent ou du privilège blanc ne sont pas présents dans la relation. Du moins au niveau strict de la relation HEPN/OVcM car les contextes sont eux différents. Notons par exemple qu’à la différence de la Belgique, la région de Salta est particulièrement conservatrice (Christianisme) et la violence faite aux femmes y est très forte (mais ne minimisons jamais cette violence, elle est toujours de trop). Également, l’Argentine a été colonisée de diverses manières, c’est un pays qui a connu bien plus que d’autres, des peuplements différents sans compter certains peuples dits premiers qui font l’objet de discriminations et qui se revendiquent souvent d’un féminisme décolonial. Salta est l’une des provinces avec le plus grand nombre d’habitants premiers, plus de 9 groupes ethniques y vivent. Au sein de l’OVcM, un point d’honneur est mis à inclure toutes les communautés dans les processus de recueil de témoignages et de recommandations. Les stagiaires sont également invitées à se déplacer sur le terrain pour rencontrer les personnes sur leur lieu de vie, dans une posture d’écoute active afin de collaborer non pas à la place de mais avec, dans la considération de la voix d’autrui.
Les contextes sont différents d’emblée, mais pas suffisamment que pour cliver les réalités. L’Argentine est un pays très “blanc” de par la colonisation, et sévèrement touché par les politiques néo-libérales. Ce qui explique une part du désarroi social que l’on retrouve d’ailleurs partout dans le monde avec des variantes selon les protections sociales étatiques ou communautaires que les gens peuvent mettre en place. En tout cas, le monde actuel semble en détricotage humain voire humaniste.
Comme ce partenariat n’est pas institutionnel et qu’il s’agit d’étudiantes (donc pas encore représentantes d’une institution professionnelle), nous n’avons pas eu la problématique d’imposition du féminisme hégémonique occidental qui traverse le mouvement féministe au niveau mondial depuis des décennies. Rita Laura Segato, anthropologue et activiste originaire d’Argentine, professeure émérite à l’Université de Brasilia, s’insurge contre le féminisme eurocentrique blanc et étudie, à l’instar de beaucoup d’autres, l’impact de la colonisation sur le genre en Amérique Latine. Elle démontre que la colonisation a fait passer l’Amérique Latine d’un patriarcat à faible intensité à un patriarcat à forte intensité. Elle cite le fait que “beaucoup de peuples autochtones ont des langages et pratiques transgenres établis, autorisent des mariages entre personnes que l’occident considère de même sexe, et permettent d’autres transivités de genre refusées par le système de genre érigé dans la colonialité/modernité” (Rita Laura Segato in Pensée féministe décoloniale, Anacaona 2022). Maria Lugones (2008[4]), philosophe féministe argentine, développe dans ses travaux la notion de colonialité du genre, imposant à des sociétés non-occidentales un système binaire de genre hétérosexuel, hiérarchisé, via la colonisation.
Les débats sur la décolonisation, sur la colonialité du pouvoir sont très présents sur tous les continents dans les champs du genre, de la coopération et des relations internationales. La conscience de l’impact de la colonisation sur le système mondial est aujourd’hui très aiguë, constatant notamment que le changement climatique est l’aboutissement le plus pervers de la colonisation. L’enjeu est phénoménal par rapport à la recherche de nouveaux paradigmes. En ce sens, ce partenariat s’inscrit dans une vision commune du besoin de “décoloniser”. Le TFE de Claire Maaskant l’an dernier sur le féminisme décolonial est un témoin évident de la recherche partagée. Aujourd’hui, de par le monde, de nombreuses voix dénoncent l’imbrication des rapports de dominations (race, sexe, classe, non humains) inscrits profondément dans l’histoire coloniale et l’eurocentrisme. Pour changer le monde, on a besoin de révolutions culturelles, c’est à cela que nous participons, Ana, Delphine, Annick…
Alors on fait quoi?
On tisse du partenariat, on met du care, de l’institutionnel, des partages de manifestations. On sème, on récolte, on mycélium… Ces partenariats ne sont pas le fruit du hasard, ils sont la consécration de choix politiques, d’engagements qui font qu’ils fonctionnent. C’est ici un tout petit partenariat mais il se fait que, sans doute grâce à cette histoire commune, Inès qui travaille chez Echos communications (et est aussi une ancienne étudiante de la HEPN) lit que Annick a écrit sur le partenariat et la contacte. Annick contacte Ana et Delphine et l’écriture commune commence, sans se voir, sans se parler de vive voix, sur un drive nous écrivons… à six mains.
Et cela est possible car ce partenariat, initié sous prétexte pédagogique, maintenu au nom d’une lutte et vision commune du monde persiste car il existe entre nous un capital fondamentalement beau et précieux : le besoin vital de justice sociale, la confiance, et bien sûr, une profonde amitié que nous oserions nommer, de l’amour. Une petite histoire qui s’inscrit dans la grande car, comme le disaient les féministes des années 70, “le privé est politique”.
Toute personne ayant envie de poursuivre la réflexion avec nous est la bienvenue : annick.honorez@hepn.province.namur.be, aperezdeclercq@gmail.com, delphinesaugues@gmail.com
[1] Haute Ecole de la Province de Namur
[3] http://ovcmsalta.gob.ar/?page_id=168
[4] Lugones, M. (2008) “Colonialidad y género: Hacia un feminismo descolonial”, en Walter Mignolo (Comp.) Género y descolonialidad. Ediciones del Signo-Duke University.
Annick Honorez
Annick Honorez a une multitude de casquettes, formée en sciences sociales, assistante sociale, diplômée d’un master en communications sociales et d’un master de spécialisation en études de genre ou encore comédienne-animatrice en théâtre-action. Elle travaille depuis 35 ans dans le secteur de la coopération internationale et au « développement » et depuis 25 ans dans l’ECMS dans différentes organisations et fonctions : ONG, UCL, Commission Européenne, Hautes Ecoles (HEPN) en tant qu’animatrice, formatrice, chercheuse, évaluatrice, responsable de financement de projets de sensibilisation aux questions Nord-Sud (UE) ou encore enseignante.
Ana Pérez Declercq
Ana Pérez Declercq est diplômée en sociologie de l’université de Buenos Aires, titulaire d’une maîtrise en santé publique de l’université nationale de Salta et d’un doctorat en société et culture de l’université de Barcelone. Elle est présidente de l’Observatoire de la violence contre les femmes, nommé par l’université nationale de Salta. Elle est actuellement membre du groupe de recherche du projet “Los efectos de la pandemia de covid-19: estrategias comunitarias y derecho a la salud desde una perspectiva interseccional”. Elle a obtenu la bourse Erasmus Mundus – External Cooperation Window. Elle a également obtenu la bourse « Ramón Carrillo- Arturo Oñativia » dans la catégorie Programmes de santé avec soutien institutionnel accordée par le ministère national de la santé par l’intermédiaire de la Commission nationale de recherche en santé (2008).
Delphine Saugues
Delphine Saugues est diplômée d’un bachelier en coopération internationale (HEPN) et d’un master en ingénierie et action sociales (HELHa & Henallux). Ses travaux et domaines de prédilections portent principalement sur les thématiques du genre, de la coopération Nord-Sud, de l’environnement et du volontariat. Disposant d’une expérience éclectique, elle a travaillé autant dans le secteur privé (parapharmacie, start-up) que dans le secteur à profit social (ONG féministes, asbl de soutien aux personnes prostituées, International Organization for Migration, espace culturel citoyen). Actuellement, elle est coordinatrice dans un centre d’accueil pour mineurs non-accompagnés en demande de protection internationale, à Bruxelles.
Photo d’ouverture : © jacoblund – iStock