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Pourquoi aller à la rencontre de l’étranger ? Et comment oser affronter ce que ces rencontres vont nous révéler sur nous-mêmes ? Pourquoi comme le dit Albert Jacquard tenter cette aventure ?

Dans le monde tel qu’il évolue, se recompose et s’interconnecte, en fin de compte la définition du mot étranger devient complexe, multiforme. Le statut de l’étranger varie considérablement selon que je suis expatrié et “créateur” de richesses, ou bien en exil forcé sans ressources ! Selon que je suis dans un processus de soumission ou au contraire de domination.

Dans la nature (3,8 milliards d’années), il n’y a pas d’étrangers ; seulement des êtres vivants végétaux ou animaux qui sont en interaction et interrelation avec un but fondamental : la reproduction des espèces. Dans un écosystème, chacun a sa “niche”, son utilité indispensable aux autres. Sans cela il disparaît.

Une des caractéristiques de la race humaine est la nécessité de vivre en groupe, de se relier. Dans nos processus de fonctionnement humain, la relation prime sur le contenu. Pour échanger il nous faut donc nous mettre en relation les uns avec les autres. Notre monde nous appartient (ma représentation ne peut être qu’unique), nous le créons en fonction de ce que chacun a expérimenté ou non. Les enfants ont cette naïveté spontanée qui leur permet de se mettre en relation avec d’autres même s’ils ne parlent pas le même langage ; c’est la congruence naturelle que l’adulte a perdu en grandissant.

Et le langage dans tout cela ? Utile et nécessaire pour échanger sur le fond des choses. Cela n’empêche pas une communication sincère et passionnante au-delà des mots quand le langage n’est pas communément partagé. J’ai la plupart du temps, au-delà des mots, rencontré des invitations pour partager un temps d’échange, de connaissance, autour d’un thé, d’un plat… et dans ces moments-là, l’échange existe, qu’il y ait ou non paroles verbales.

Notre manière d’agir, de nous comporter avec les autres, est directement lié, non pas au factuel, mais à l’idée que chacun se fait de ce réel. Idée qui dépend directement de nos sens, expériences, éducation et culture. On peut ainsi prendre conscience de ce fossé qui me sépare de l’autre et ainsi mesurer la distance qui me sépare de lui et formuler de façon positive, le chemin à parcourir pour créer la proximité, la compréhension, la confiance. Car décider d’aller vers l’autre est l’incontournable condition d’une possible alchimie relationnelle.

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Découvrez la suite du dossier dans le prochain article : Se confronter à “l’étranger” : quelles leçons tirer de ses voyages ?

Ce dossier a été publié par les Presses Universitaires Citoyennes (Fondation HEM): « Le tissu de nos singularités, vivre ensemble au Maroc », PUC, 2016

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