À l’occasion du 5e anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 9 : Réduire les inégalités.

En 2019, les milliardaires du monde entier, au nombre de seulement 2153, se partageaient plus de richesses que 4,6 milliards de personnes. C’est sur ce constat choc que s’ouvre le dernier rapport sur les inégalités d’Oxfam International, paru en janvier 2020 à l’occasion du Forum économique mondial de Davos. La publication de ce rapport annuel pendant cette grand-messe de la mondialisation veut provoquer le débat, capter l’attention du public, et renforcer le plaidoyer en faveur de la réduction des inégalités mondiales.

Malgré les progrès effectués dans certains domaines, l’UNDP rappelle que les inégalités de revenus se creusent : 10 % des personnes les plus riches perçoivent près de 40 % du total des revenus mondiaux, tandis que les 10 % plus pauvres ne gagnent qu’entre 2 à 7 % du total des revenus mondiaux. La Banque mondiale estime quant à elle que près de la moitié de la population mondiale vivrait avec moins de 5,50 dollars par jour.

La lutte pour réduire ces inégalités croissantes a été inscrite au sein de l’Agenda 2030 comme le 10e objectif de développement durable, qui rappelle que la croissance économique ne suffit pas pour réduire la pauvreté si elle ne bénéficie pas à tout le monde, et ne concerne pas les trois dimensions du développement durable – économique, sociale et environnementale. L’ODD 10 vise à favoriser l’intégration économique de toutes et tous, indépendamment de leur appartenance ethnique ou de leur sexe, par exemple.

Ons Abid/Oxfam Novib (2017)

Sam Tarling / Oxfam (2017)

Le sexisme de notre modèle économique

Le sexisme de notre modèle économique est justement au centre du rapport sur les inégalités 2020 d’Oxfam, intitulé « Celles qui comptent » et consacré au travail de soin non ou peu rémunéré effectué par les femmes et les filles dans le monde. Selon les calculs d’Oxfam, les femmes assument chaque jour l’équivalent de 12,5 milliards d’heures de travail de soin non rémunéré. La valeur de ce travail pour l’économie serait d’au moins 10 800 milliards de dollars. « Il existait peu de données relatives à la problématique du travail de soin non-rémunéré des femmes. Ce rapport était donc à la fois un défi et une opportunité de mettre en lumière cette thématique très peu visible », explique Aurore Guieu, responsable de l’équipe Justice fiscale et Inégalités chez Oxfam-Solidarité.

Le choix de ce thème et l’écriture du rapport implique les bureaux pays, régions et les affiliés d’Oxfam, notamment par le biais de groupes de travail réunissant des représentant·e·s de la vingtaine d’organisations composant la confédération, dont Oxfam-en-Belgique (qui réunit Oxfam Solidarité, Oxfam Wereldwinkels/Oxfam Fairtrade, et Oxfam Magasins du Monde). Les membres du réseau valident ensuite le rapport final.

« La publication du rapport est accompagnée de calls to action, de pétitions, ou d’outils spécifiques comme, dans ce cas-ci, pour calculer la valeur du travail de soin non-rémunéré », continue Aurore. « Selon le thème, nous l’utilisons aussi dans nos campagnes ou activités d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire ». Le plaidoyer politique au niveau national et mondial met en avant les solutions proposées dans le rapport en matière de fiscalité, d’offres de services publics de qualité ou d’accès à la protection sociale. « A ce niveau, les ODD sont importants car ils constituent un langage commun pour notre plaidoyer envers les instances internationales, ainsi que des objectifs qui peuvent être partagés par ces instances, la société civile et le secteur privé ».

 

Forum de Davos

La participation au  offre également une exposition médiatique importante au rapport et aux problématiques et solutions qu’il développe, mais aussi un accès à de hauts responsables politiques. En 2020, le rapport et le thème du travail de soin non rémunéré des femmes a ainsi attiré l’attention de Sophie Wilmès, alors première ministre, qui a rencontré à Davos le représentant d’Oxfam, Amitabh Behar. « Sophie Wilmès s’est investie personnellement sur le sujet, ce qui montre la portée que peut avoir ce rapport. Même si la crise du COVID nous a empêché par la suite de nous rencontrer de nouveau autour de ce thème », explique Aurore.

La pandémie de COVID-19, tout comme le changement climatique (voir aussi le rapport sur les « inégalités carbone »), fait justement peser de lourdes menaces sur les inégalités. Selon l’ONU, la pandémie exacerbe les inégalités déjà existantes et frappe plus durement les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables. Elle met en lumière les inégalités économiques, et la fragilité autant que l’importance des filets de sécurité sociale (voir aussi le tout nouveau rapport sur la protection sociale au temps du COVID) et des systèmes de soins de santé. Dans toutes les sphères, qu’il s’agisse de la santé, de l’économie, de la sécurité ou encore de la protection sociale, les femmes et les filles sont parmi les premières victimes de cette crise qui menace les progrès engrangés en matière d’égalité de genre. L’impact du COVID sera d’ailleurs le sujet du prochain rapport d’Oxfam sur les inégalités à paraître ce 25 janvier 2021.

Plus d’infos : https://www.oxfamsol.be/fr/les-femmes-et-les-filles-travaillent-125-milliards-dheures-par-jour-gratuitement

Sophie Wilmès et Amitabh Behar au Forum de Davos © OXFAM

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